
Si tu as bien suivi, je suis partie au Kenya ya pas longtemps.
Quand je suis rentrée, plusieurs personnes m’ont dit que j’avais changé, que j’étais différente, que je n’étais pas rentrée seule. Autant te dire que j’ai vite pissé sur un bâton en plastique (même s’il y avait 0,000001 % de chance que ce soit possible mais bon un jour je te parlerai de ma flippance).
En fait oui, j’ai changé depuis ce beau voyage, oui je ne suis pas rentrée seule.
Je suis rentrée avec une idée folle, qui me démange beaucoup beaucoup. Je ne pense pas te l’avoir dit mais bon moi j’ai fait médecine pour aider les gens. Je n’ai jamais eu l’envie de me faire un fric fou en opérant des cataractes (ce qui est très utile mais bon). Moi ce que je voulais c’était du terrain, de l’action…j’ai un temps hésité avec la santé navale mais bon le côté militaire…c’est du déjà vu dans ma vie. Et puis un jour dans ma faculté, des gens sont venus nous parler des différents modes d’exercice de la medecine. Et je suis tombée amoureuse…(je tombe facilement amoureuse et puis en plus de tout, pas forcement de gens). Une nana qui bossait initialement en soins palliatifs nous racontait comment elle avait contribué à sauver des enfants en les nourrisant avec de l’eau de riz au Sud Soudan. Je suis sortie de l’amphi, des coeurs dans les yeux, du coton dans le coeur. Si j’avais pu prendre un avion le lendemain, je l’aurai fait.
Manque de pot, je suis tombée dans une routine, dans des envies de mariage, d’achat immobilier, de vie comme dans les magazines qui ne collait absolument pas avec une medecine humanitaire bien non safe.
Alors j’ai mis tout ça de côté (et plus encore). Je me suis ennuyée à l’hôpital, je me suis royalement faite chier en cabinet où ouais traiter des rhino ben ça m’éclatait ABSOLUMENT PAS! Et puis j’ai trouvé un endroit où je pouvais faire de la médecine comme j’en avais envie. Jusque là tout allait bien…et puis je suis partie et je crois qu’une partie de moi est restée là bas.
Officiellement, je n’ai pas encore le droit de partir, parce qu’il faut 5 ans d’expériences pro pour partir avec une ONG…en 2019 ce sera bon. Je ne te dis pas que je vais partir, mais à partir de ce moment là ben je pourrai.
Du coup j’ai fait un pacte avec moi-même, j’ai craché, j’ai levé la main et tout et tout devant mon miroir en petite culotte. J’ai décidé que si à mes 32 ans, je n’avais rien à ma charge (c’est à dire pas de mec stable, pas d’enfant, pas de crédit immo etc…Moun ira chez ses grands-parents), je partirai pour de vrai, comme ça quitte à ne pas avoir de vie conventionnelle, autant partir faire ce qu’il me plait et donner le trop plein de love qu’il y a en moi.
Pourquoi 32? Je ne sais pas…et puis pourquoi pas?
Une réflexion au sujet de « Un jour… »